Blog powered by Typepad
Ma Photo

juin 2008

lun. mar. mer. jeu. ven. sam. dim.
            1
2 3 4 5 6 7 8
9 10 11 12 13 14 15
16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29
30            

les sites que je consulte

« Récit de la naissance de Marc-Aurèle | Accueil | douleurs de l'accouchement »

03 mai 2008

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

DR

Bonjour à vous toutes et tous,
Je m’appelle DR et je suis pédiatre dans un service de réanimation néonatal dans un grand centre hospitalier avec une maternité de niveau III. Je suis le projet « Doula » de Virginie depuis assez longtemps et c’est avec enthousiasme et un réel plaisir que je le vois prendre forme. Lorsque j’ai débuté mes études de pédiatrie, j’étais avide de savoir, anxieux de mal faire, paniqué de ne pas faire le bon diagnostic, de passer pour un mauvais vis-à-vis des parents. Bref des études très égocentriques dans un grand centre universitaire. Je n’ai pas regretté d’avoir été comme ça puisque d’une part sur le coup je ne m’en suis même pas rendu compte et aussi triste que cela puisse paraître je n’avais pas le temps pour autre chose. Je dirai même a posteriori qu’il faut en passer par là. On règle d’abord la formation et une fois qu’on est « alèse » avec la « technique et la théorie », on a « tout » le temps d’humaniser un petit peu tout ça. Bref, j’apprenais, j’allais à des congrès très techniques, très scientifiques, je m’éclatais dans mon métier, mes aînés étaient contents de moi et je me préparais à ma carrière hospitalière. Et puis la prise de conscience. Nous avons eu notre premier enfant. Je devenais papa et dans de « drôles » de circonstances. J’étais papa en avance de 1 mois. Notre enfant est né à 34 SA dans des circonstances qui aurait pu être dramatiques, hospitalisé un mois dans le service ou je travaillais. J’étais content, il allait vraiment très bien, mes amis, mes collègues s’en occupaient, les infirmières le choyaient. Pour moi c’était le top. Quand on me demandait comment ça se passait, je répondais très honnêtement « nickel ». Et puis ma femme a craqué. Elle a un jour répondu « horrible » Tout le monde est très compétent c’est sur, mais on ne s’intéresse qu’à notre enfant, on ne me demande pas comment ça va, comment je ressent les choses, si j’ai des questions, les informations sont stéréotypée etc... Moi qui pensais travailler dans un endroit super, on me peignait une usine à soigner des bébés. Je l’ai longuement écouté ; une fin de grossesse volée, un accouchement volé (notre fils est né par césarienne sous anesthésie générale), un imaginaire parental balayé, un premier mois de vie volé, une intimité volée. Tout lui était volé. Bref moi qui me contentais de savoir notre fils en vie et en bonne santé comme je le faisais avec tous ces enfants passés entre mes mains, je me suis rendu compte du vide qui existait autours des parents et de mon inaptitude à m’en apercevoir. Ce fut ma métamorphose. Je suis resté ce médecin avide de savoir, j’ai multiplié les formations, j’ai continué à aller à ces congrès très techniques et très scientifiques, j’ai construit ma carrière hospitalière, continué à passer des examens, des concours mais le plus important c’est que je m’éclatais encore plus dans mon métier, dans mon service. Je parlais avec les parents le plus souvent possible, je leur expliquais du mieux que je pouvais, je m’émerveillais avec eux que leur enfant soit en vie et en bonne santé, je travaillais avec les psychologues du services, je tentais de sensibiliser les internes à tout ce qui m’avait échappée durant ces quelques années. Je suis bien conscient que ça ne suffit pas et qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire. Et puis je suis encore loin d’être formidable, je suis capable d’être très con, de mauvais poil, à m’énerver contre des parents qui décidément ne comprennent rien. Il est évident que mon propre cas n’est pas à généralisé, il y a tous les jours des gens formidables qui travaillent auprès des parents et des enfants.
Qu’il s’agisse de la grossesse, de l’accouchement, de l’allaitement, de la parentalité, il existe un vide autours des parents. Vide lié surtout à de multiples questions laissées sans réponses. Il arrive que nous médecins, ne soyons pas toujours formé pour ça, n’ayons pas toujours le temps, la sensibilité, le déclic pour ça. Ce rôle ne trouve plus toujours preneur dans notre société. Je suis heureux que des personnes comme Virginie, accepte de le jouer. Et je suis intimement persuadé qu’elle saura remplir cette fonction avec professionnalisme et humanité.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.